Dans la dernière partie de ces articles consacrés à la multipotentialité, nous allons nous intéresser aux blocages psychologiques auxquels les multipo peuvent faire face. 

Pour rappel, nous avons eu un premier article consacré à la définition de la multipotentialité, un deuxième article abordant les 3 piliers de la multipotentialité, un troisième consacré aux 4 modèles de travail correspondant aux multipo et enfin un quatrième parlant des blocages physiques des multipo quand ils doivent se mettre au travail. 

Toutes les notions abordées dans ces 5 articles sont tirées du livre How to be everything de Emilie Wapnick. 

Prêt ? C’est parti ! 

 

Les principaux blocages psychologiques des multipo

 

Les principaux blocages des multipo sont souvent la peur, le manque de confiance en soi et le jugement des autres. Et, sous ces termes, de nombreuses autres choses se cachent. Prenons la peur par exemple. On peut avoir la peur d’échouer, la peur de se lancer dans un nouveau domaine, la peur de postuler dans une nouvelle entreprise en ayant un profil très diversifié et rentrant rarement dans les cases de l’offre d’emploi. Et tout ça est parfois dur à vivre dans sa vie professionnelle et personnelle.

Mais je me dis qu’en les abordant, en les décrivant, on peut ainsi arriver à les apprivoiser. Ça peut nous permettre de comprendre toutes ces petites choses qui nous passent par la tête et nous empêchent souvent d’avancer.

Alors faisons un peu le tour des principaux blocages que l’on peut rencontrer lorsque l’on ne trouve pas sa voie. 

 

La culpabilité et la honte

 

Ça peut être déchirant de réaliser que l’on arrive à son point final personnel pour une thématique qu’on avait auparavant aimé. Pour une chose pour laquelle on a passé des heures, de la sueur, des larmes et parfois de l’argent. On se retrouve perdu et on se sent coupable et honteux de vouloir tout arrêter. 

Mais pas de panique, quelques astuces existent pour essayer de faire face à toutes ces émotions. 

  • en premier point, il faut arrêter de se sentir coupable de changer de voie. Alors oui, certainement plus facile à écrire qu’à faire. Mais il est important de prendre conscience que c’est comme ça que les multipo fonctionnent. On a besoin de changer régulièrement de voie pour se sentir motivé et challengé. 
  • il ne faut pas oublier que l’excitation que l’on ressent au travail reviendra en changeant de domaine. C’est particulièrement intéressant de se le dire lorsque l’on a fait le tour de son poste actuel et que l’on s’ennuie. En changeant de domaine, on sera à nouveau stimulé intellectuellement et on aura envie d’aller au travail tous les matins. Cela permet de rencontrer de nouvelles personnes, de faire de nouvelles choses et de ne pas rester coincé dans un secteur qui ne nous fait plus grandir. 
  • nous ne sommes pas définis par ce que nous faisons et par notre travail. Gardez bien ça en tête 😉 et donc, changer de travail ne nous changera pas, nous serons toujours nous !
  • il faut ajuster ses attentes. Vous savez maintenant que vous êtes multipo. Il ne faut donc pas approcher un nouveau domaine en se disant “cette fois c’est le bon!”. Cela peut conduire à cette frustration de ne pas trouver sa voie lorsque l’excitation des débuts sera passée. Préférez “je vais essayer quelque chose de nouveau pour quelques temps et voir où cela m’entraîne”.

Plus on devient à l’aise avec sa nature changeante, plus on voit les changements comme excitants et nécessaires plutôt que comme honteux et briseurs d’identité.

 

Être un débutant encore et toujours

 

Ce n’est pas toujours facile de recommencer à zéro et d’être un éternel “nouveau” lorsque l’on change de domaine. Et pourtant ! 

  • il faut réaliser que la médiocrité est forcément la 1ère étape dans n’importe quel commencement. Etre mauvais dans quelque chose est le processus logique pour ensuite devenir bon  !
  • continuez à tracker vos petites victoires. J’en parlais dans les blocages physiques lorsque l’on n’arrive pas à se mettre au travail. Cela permet de prendre conscience de ses progrès jour après jour.
  • travaillez sur de petites améliorations, mais plus souvent. En effet, travailler sur de courtes périodes de temps, souvent, aide les nouvelles informations à s’ancrer dans le cerveau. Plutôt que de passer des heures sur le même sujet et en ayant l’impression de ne pas avancer et de ne plus réussir à ingurgiter aucune nouvelle donnée. Soyez gentil avec votre cerveau 😉 .
  • en plus d’être gentil avec votre cerveau, soyez gentil avec vous-même. Soyez patient, célébrez vos petites victoires, ne vous rabaissez pas quand les choses deviennent dures et mangez un cookie de temps en temps pour vous récompenser 😛 .

 

La peur de ne pas être le meilleur

 

Pourquoi est-ce que je serais embauché dans ce domaine qui est nouveau pour moi, alors que des spécialistes le font depuis plus longtemps ou ont suivi un parcours spécifique à ce métier ? Il faut bien garder en tête qu’être efficace est plus important qu’être le meilleur et surtout qu’il est impossible d’être toujours le meilleur. 

Cette pensée force aussi à mieux se vendre. Il ne faut pas oublier de travailler sur les connexions entre nos anciennes expériences et le job auquel on postule et de rendre ces connexions explicites.

De plus, dites vous que vous êtes un expert tant que personne ne dit le contraire 😉 (et personne ne le dira). En effet, petit secret entre nous, il n’y a pas d’ordre national des experts qui donne des badges aux vrais experts et qui exposent les amateurs et les montrent comme des tricheurs. La vérité est que les employeurs et les clients sont juste à la recherche de personnes pouvant résoudre leurs problèmes ! Alors, même si à première vue vous n’avez pas fait la formation exacte correspondant à la mission qui vous est proposée. Si vous avez un peu d’imagination, si vous êtes bosseur, motivé et à l’écoute, il y a de fortes chances pour que votre travail soit aussi bon que celui d’un spécialiste! 

 

Le syndrome de l’imposteur

 

Celui là est le pire de mon point de vue ! Je l’ai toujours vécu et le vit encore, même si maintenant que j’en ai conscience, j’arrive à le mettre un peu plus en sourdine. 

Le syndrome de l’imposteur est une chose qui vous fait croire que vous êtes un charlatan, que vous ne devriez pas être là et qu’un jour quelqu’un va le réaliser. Ce syndrome m’a très très souvent empêché de postuler à des postes dans mes domaines d’étude. En effet, je me disais toujours : « non mais je ne suis pas capable de faire tout ça. Je n’ai pas vu ça à l’école. Comment est-ce que je pourrais les convaincre alors que je n’ai encore aucune expérience pro dans ce domaine ? » (fichu inconscient !).

Et le pire, c’est que ce phénomène a tendance à être de plus en plus présent au fur et à mesure de vos succès et des opportunités qui se présentent. 

Mais soyez bien conscient d’une chose. Si vous étiez vraiment un imposteur, vous n’auriez pas ce problème ! Comme le dit Bertrand Russel : “le problème en ce monde c’est que les idiots sont sûrs d’eux et les personnes intelligentes sont pleines de doutes”. 

Pour essayer de limiter un peu ce syndrome, il faut se refocaliser sur son travail. En effet, le syndrome de l’imposteur arrive généralement quand on se préoccupe de ce que peuvent penser les autres de nous. Donc au lieu de penser à ça, concentrez vous sur votre travail et montrez leur de quoi vous êtes capable. 

 

Faire face aux critiques externes

 

Tous les multipo savent ce que ça fait de partager un nouvel intérêt avec quelqu’un et de n’avoir en retour qu’un silence gênant ou un regard désapprobateur. Mais après tout, est-ce que l’avis de cette personne compte vraiment ? Demandez-vous qui est votre auditeur. Si c’est une personne dont vous n’êtes pas spécialement proche, à vrai dire, son avis ne compte pas vraiment. Si c’est une personne proche de vous, essayez de lui faire comprendre ce que signifie être un multipo. Il faut réussir à leur faire comprendre calmement que le fait d’explorer de nouveaux sujets différents et qu’avoir de nombreux projets sur le feu en même temps fait partie de vous. 

 

Comment répondre à “tu fais quoi dans la vie ?”

 

Toujours cette fameuse question ! 😉 La plupart d’entre nous, multipo, détestons tout simplement cette question. En effet, comment se présenter quand on fait plusieurs choses complètement différentes en même temps et qu’en plus de cela on en change régulièrement. Cette question c’est un peu la version adulte de “Qu’est-ce que tu veux faire quand tu seras plus grand ?”.

Du coup, comment répondre à cela ? Tout d’abord, évaluez votre audience. Qui est cette personne qui cherche à savoir ce que vous faites dans la vie ? Suivant l’auditeur, deux solutions s’offrent à vous : 

  • vous pouvez répondre en une phrase qui n’englobe pas tout mais qui est facile à comprendre. Exemple: « je travaille à Google ». Ou dans mon cas, suivant mon envie, je suis soit “hôtesse polyvalente dans un resto d’entreprise” ou “créatrice de sites web”. 
  • vous pouvez répondre de manière plus détaillée et moins conventionnelle. Ce qui peut potentiellement mener à une conversation plus poussée. Vous pouvez même être assez vague : “je travaille sur plusieurs projets différents en ce moment” et vous servir de cette phrase comme un filtre. Soit la personne en face ne pose pas plus de questions que cela et au moins vous n’aurez pas perdu votre temps à lui parler de vos projets. Soit la personne en face est intéressée et vous pose des questions et cela devient une rencontre positive. Qui sait, vous pourrez même tomber sur un autre multipo !

 

Conclusion

 

Passer de domaine en domaine, de métiers en métiers peut provoquer de nombreux blocages psychologiques pour les multipo. Mais je pense qu’une fois que ces blocages sont identifiés, il est plus facile de les mettre de côté. De leur laisser un peu de place car vous ne pourrez jamais les oublier complètement. Mais de ne pas les laisser vous accaparer totalement et vous bloquer dans une procrastination intense ou une peur bleue du changement. Avoir peur est normal, ne pas se sentir totalement à sa place aussi. Je pense qu’en prendre conscience est le premier pas pour l’accepter et vivre de sa multipotentialité pleinement !

 

J’espère que cette série d’articles sur la multipotentialité vous aura fait découvrir de nouvelles choses, vous aura peut être fait prendre conscience que vous même ou quelqu’un de votre famille a un profil similaire à celui-ci et qu’il est donc tout à fait normal de vouloir changer de voies professionnelles ou de passions de manière plus ou moins régulière. 

 

N’hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé, ou si vous avez des questions supplémentaires, en commentaire. Ce sera un réel plaisir de vous lire et de vous répondre.

 

Sur ces quelques mots, je vous dis à très vite pour mes prochaines aventures, mes prochaines découvertes et pour le prochain sourire en ville!